Le
conseil municipal était appelé à se prononcer hier sur l'ensemble du
PLUi HD préparé par la Métropole. A l'unanimité des suffrages exprimés,
le texte a été rejeté.
Il
faut admettre que la procédure d'élaboration de ce document est longue
et complexe. On vote souvent sur ce sujet : pour arrêter la
concertation, pour arrêter le projet, pour valider toutes les étapes
d'un chemin de croix administratif.
Cette
fois, il s'agissait de voter une bonne fois pour toute pour le PLU i
HD... Encore que, ce n'est pas complètement sûr, puisque nous entrons
désormais dans la phase d'enquête publique sur le document lui même !
Une étape longue de plusieurs mois mais que la Ville de Talant suivra avec méticulosité.
Pourquoi ce vote contre ?
Pour trois raisons essentielles
- d'abord, le PLU i HD a refusé d'intégrer les demandes des Talantais exprimées lors de la grande consultation de 2016-2017. Les élus représentant les habitants ne peuvent pas valider un projet auquel les citoyens s'opposent
- ensuite, les spécificités talantaises ne sont pas reconnues et les objectifs notamment en matière d'habitat ne sont pas cohérents avec ceux de Talant
- enfin, alors même que certaines réalités géographiques et sociales ne sont pas du tout prises en compte (Talant n'a pas la même densité de logements sociaux qu'ailleurs et n'a pas la même géographie), des passe-droits sont instaurés pour Dijon qui se réserve certains équipements.
Les Talantais peuvent consulter le dernier document
Voici les allocutions prononcées mardi 5 mars lors du Conseil
(sont reproduits ici les textes parvenus)
Noëlle CAMBILLARD
« Nous
sommes ce soir devant un document qui pourra être présenté dans toutes les
études comme modèle de ce qu’il ne faut pas faire en termes de co-construction
politique et sociétale. Partant d’une idée pas forcément inadéquate de
rassembler dans un même document l’urbanisme, les déplacements et l’habitat, la
Métropole a mené son dossier avec des méthodes de communication et de
participation datant du siècle dernier tout en refusant de l’assumer dans une
mauvaise foi digne de l’ère soviétique.
Quelques
exemples :
-
des réunions de travail en pleine journée,
manifestement réservés aux élus professionnels, apparatchiks installés et dont on nous dit « vous
n’aviez qu’à y être ! »
-
des « décisions » présentées comme ayant été
prises par l’ensemble des élus sinon des maires, alors qu’ils n’ont été réunis
que pour une « conférence » sans ordre du jour, ni vote
-
des documents qui changent de version en cours de route et qui aboutissent à ce que
les communes ne se positionne pas sur le même texte que le conseil Métropolitain,
mais dont on nous dit que « c’est pas grave puisque l’esprit reste le
même ».
Il
y a là-dedans une grande brutalité institutionnelle qui s’est exercée aussi
vers les citoyens :
-
des réunions publiques à 17h30 en semaine, qui
comptent 42 participants élus et services compris et qui sont restituées comme
ayant rassemblé « environ 60 personnes »
-
un site internet poussivement mis à jour, fatras
logomachique sans transparence ni pédagogie
-
et surtout, un document rédigé dans une langue
chargée, techno, incompréhensible : à titre d’exemple parmi mille autres,
je cite « la volonté de repenser les espaces et paysages urbains autour
d’espaces publics solidaires et durables, partagés et accessibles, pour des
déplacements vertueux ». Traduction SVP ? On a le sentiment que les
rédacteurs ont empilé des mots à la mode et coché les cases correspondantes.
Finalement, un document ni
contemporain, pas même moderne, construit par une administration efficace et
performante mais que la majorité métropolitaine n’a pas pris soin de contenir,
l’engageant au contraire sur les mauvais penchant de l’orgueil
technocratique : un vrai naufrage démocratique…
C’est crucial car, à trop malmener
la forme, le fond devient immangeable ; et si c’est dans les vieux pots
qu’on fait les meilleures soupes, c’est dans ce genre de gamelles qu’on fait
ces tristes potages. »
Sylvie CASTELLA
« Nous
avions déclaré ici, l’an dernier, notre inquiétude sur un certain nombre
d’aspects du PLU i HD ; je me souviens que nos collègues de Vivre Talant
avaient pris soin de dénoncer ces inquiétudes, parlant
« d’outrances » et de « caricatures » ; je veux quand
même revenir sur un sujet qui m’est cher et que M. Woynaroski avait
raillé : le PLU i HD maltraite réellement les Aînés. Quand on veut d’un
côté « ne pas prévoir de croissance démographique substantielle dans les
secteurs non desservis par des transports collectifs structurants »,
c’est-à-dire le tramway, et qu’on écrit ensuite qu’il s’agit de
« favoriser les logements adaptés au vieillissement en termes de
localisation au plus près des services de proximité et de transport » que
comprend-on ?
Quand
on voit la dégradation progressive, rapide et assumée des services de transport
en commun dans des quartiers pourtant signalés comme étant ceux de nombreux
résidents âgés aux déplacements difficiles, que faut-il comprendre ?
D’un
côté, moins de bus pour aller au marché, moins d’arrêt de proximité au profit
de gros « hub » (c’est à la mode !) destinés à « améliorer
la vitesse commerciale » des autobus.
De
l’autre, un message qu’il faut traduire sans faux-semblant : « les
vieux n’ont qu’à aller habiter près du tram ! »
Et
c’est nous qui sommes outranciers et caricaturaux ?
Quand
on explique à des personnes que l’endroit où elles vivent n’est pas conforme à
l’idée qu’on se fait d’une approche « correcte » de l’urbanisme, on
n’est pas une « ville amie des Aînés ».
Quand
le PLU i HD, au contraire du PLU de Talant qu’il va remplacer, mise tout sur
les constructions nouvelles et si peu sur la rénovation, la mise à jour des
logements, on voit bien l’idée qui est à la manœuvre et qui est même clairement
inscrite : celle d’en finir avec les lotissements.
Libération,
les Montoillots, les Logis de Bourgogne… Ces quartiers, la Métropole n’en veut
plus ; et des gens qui les habitent non plus. »
Christine ENCINAS
« Mesdames,
Messieurs, chers collègues, les faiblesses du PLU i HD sont nombreuses. Parmi
elles, le problème du stationnement. Le sujet est majeur dans l’urbanisme d’une
ville, plus encore quand on y intègre l’habitat et les déplacements.
Nous
avons tous compris que la Métropole n’aime pas la voiture. Passe encore qu’elle
confonde la pollution du moteur avec celle du véhicule (alors que ce n’est pas
forcément lié), passe encore qu’elle condamne la voiture électrique tout en
développant les navettes électriques en ville et le tramway (qui ne roule pas
au jus de pamplemousse, il me semble !)…
Mais
ignorer la propre géographie du territoire pour ne pas avoir à questionner une
idéologie qui confine au dogme, quelle faute !
Dans
tous les documents qui constituent les pièces réglementaires du PADD, il manque
une carte et une seule ; toutes les thématiques sont illustrées par une
cartographie sauf… le stationnement ! Si j’ose dire :
« circulez, il n’y a rien à voir ! »
Et
lorsqu’on s’en étonne, les services de la Métropole sont radicaux dans leurs
explications : pas besoin de carte ; les règles sont les mêmes
partout, sauf le long du tram où elles sont plus dures encore. C’est- faux,
évidemment, puisque le territoire est divisé en 3 zones avec chacune son régime
particulier : Dijon (et pourquoi la mettre à part ?) dont le
centre-ville est hors PLU i, puis une première et une seconde couronne.
Là
où le bât blesse, c’est que malgré ses demandes réitérées, appuyées,
insistantes, Talant n’a pas obtenu que les dispositions relatives aux stationnements
contenues dans son PLU soient reprises sur son territoire dans le PLU i HD.
Exemple flagrant et volontairement brutal d’une approche qui ne reconnaît
aucune particularité de territoire : Talant, au relief accidenté, est
considérée comme Longvic, ville plate. Comme si le recours à l’automobile était
de même nature dans ces deux villes, comme si la proximité avec le centre
métropolitain était la même.
Il
aurait été facile et de bonne politique de conserver dans les PLU locaux ce qui
faisait consensus dans un ensemble territorial cohérent, dans un urbanisme qui
a déjà son histoire, ses pratiques, ses modes de vie.
A Talant,
le vélo ne peut pas remplacer la voiture : tout le monde n’a pas la santé
et les poumons pour monter la rue de Bellevue à la force des mollets. Et, faute
de prendre en compte la réalité physique du territoire, les Talantais ne sont
pas « surmotorisés » ; contraindre à des changements de
comportements incompatibles avec le réel en réduisant les stationnements, c’est
prendre le risque qu’encore plus de voitures soient garées n’importe où,
n’importe comment, sur les trottoirs. »
Fabian. RUINET
« INTERVENTION
SUR LE PLUI HD
Mesdames,
Messieurs, Chers élus,
Nous
sommes amenés à nous exprimer, aujourd’hui, sur la mise en place du PLUI HD de
la Ville de Talant, et ce, pour plusieurs années. Nous souhaitons inscrire
notre démarche dans une perspective d’avenir basée sur le maintien des idées
fortes en matière d’urbanisme, mais aussi l’adaptation des perspectives de
l’habitat.
Il
faudra tracer à notre ville un avenir et une définition précise de ce que nous
attendons dans les années à venir en matière d’habitat et de déplacement.
Talant doit rester un trait d’union entre la ville et la campagne. C’est notre
raison de vivre qui ne peut pas être traité depuis le Grand Dijon par une armée
d’idéologues ; notre quotidien n’est pas leur. On peut mutualiser des
moyens et en même temps respecter les choix municipaux des communes membres.
Alors
que les gilets jaunes veulent être entendus, on simule une consultation des
habitants sur le PLUI HD. Il est vrai que tout citoyen réclame des référendums,
et en échange certains les piétinent régulièrement. C’est le syndrome
Notre-Dame-des-Landes. Il faut être respectueux de l’avis de chacun. La commune
et les habitants doivent être respectés.
A
Talant, la richesse de notre habitat réside dans sa diversité avec des
quartiers très distincts. Les Montoillots ne ressemblent en rien au Bourg qui
lui-même ne ressemble pas au Belvédère. C’est la richesse de notre Ville. Nous
voulons que ce document respecte davantage les équilibres du territoire. Un
quartier de maisons doit rester en maisons. En quelque sorte, l’histoire de
notre urbanisme, c’est ce qui permet au futur de ne pas être n’importe quoi,
encore faut-il que nous ayons l’emprise nécessaire !
Nous
ne sommes pas opposés aux constructions, à condition qu’elles respectent
d’abord son intégration dans le paysage. On ne peut faire un travail sur les
observatoires paysagers et en même temps construire à tout rompre. Nous sommes
favorables à la construction d’immeubles le long du boulevard de Troyes, ce qui
veut dire que nous ne sommes pas non plus opposés à tout.
Nous
voulons continuer à maintenir des espaces naturels en Ville que certains
considèrent à tort comme des dents creuses. C’est ici, qu’existe le tout béton
et qui détermine ce que nous ne voulons surtout pas.
La
chasse permanente, et souvent ridicule, à la voiture nous paraît totalement
déplacée. On peut utiliser des transports en commun et aussi avoir deux
voitures par logement. Il faut de la cohérence et surtout comprendre le mode de
déplacement des habitant pour établir un document d’urbanisme qui soit
cohérent.
On
peut accompagner la transition énergétique et aussi éviter d’empiéter sur les
terres agricoles.
Le
PLUI HD imposé par le Grand Dijon ne correspond pas à ce que nous voulons pour
Talant, notre refus courageux doit permettre néanmoins d’envisager non
seulement une autre méthode mais surtout une autre gouvernance pour le Grand
Dijon.
b. S.
WOYNAROSKI
c. C. GAUCHER
Textes non-connus